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« Montrer comment une femme déterminée peut réussir »

17 décembre 2020

L’actuelle ministre de la Coopération internationale de la République d’Egypte est un véritable ovni. Plus jeune ministre de l’histoire du pays, l’économiste passée par le Fonds monétaire internationale (FMI) fut aussi la première femme a occupé le poste de ministre du Tourisme en 2018. Elle a accepté de partager avec nous son regard sur l’état de l’égalité femmes/hommes sur le continent.

Que faire pour changer les mentalités concernant la place accordée aux femmes dans les institutions et les entreprises ?

La bonne attitude est d’être insensible au genre. Le principe à prendre en compte pour juger une personne tient à ses compétences, femme ou homme. Dans le cadre professionnel, les femmes doivent vraiment penser ainsi. Dans ma vie, j’ai toujours voulu acquérir de l’expertise et je n’ai jamais considéré le genre comme un obstacle. L’important, c’est ce qu’un individu exprime sur le plan professionnel. C’est ce qui m’a poussé dans mes différentes fonctions au FMI, à la Banque centrale d’Egypte ou comme ministre du Tourisme. Si j’avais un seul conseil à donner aux femmes ce serait donc d’acquérir des compétences, surtout à l’heure de la révolution digitale.


Qu’en est-il au plan des institutions?

Il reste de nombreuses actions à conduire pour parvenir à une égalité véritable. Par exemple, lorsque Christine Lagarde a pris la direction du FMI, elle a voulu quantifier la participation des femmes aux économies des pays suivis par le Fonds. Elle a considéré que cela constituait un élément macro-économique critique dans l’évaluation des politiques publiques et donc dans les actions de soutien menées par le FMI. C’est essentiel. 

 

Comment aider les jeunes filles en Egypte à se réaliser, surtout en ces temps de crise sanitaire ?

Selon les statistiques, notre pays est bien placé sur différents critères, comme celui de l’alphabétisation. Nous conduisons aussi des programmes visant à rendre accessible l’enseignement scientifique à des jeunes filles dans les régions rurales. Aujourd’hui, il est clair que le Coronavirus a déclenché une crise qui pose des problèmes d’égalité dans l’accomplissement de certaines tâches. Il est important que les gouvernements en aient conscience. D’ailleurs, l’Egypte a mis en place un observatoire du genre sur les politiques publiques afin d’évaluer quel était l’impact des différentes décisions politiques en la matière. C’est un engagement au plus haut niveau, celui du chef de l’Etat lui-même.

 

Une question clé pour le continent est la Zone de libre-échange économique continentale africaines (ZLECA). Estimez-vous que suffisamment de femmes politiques participent à ce processus d’intégration ?

Ce qui compte n’est pas le genre d’une personne mais ce qu’elle peut apporter. Au-delà de l’Afrique, de très grandes institutions sont aujourd’hui dirigées par des femmes : la BCE, la BERD… Ces exemples rendent moins inhabituels le fait d’avoir une femme au premier rang.

 

Que souhaitez-vous dire aux femmes leaders du continent ?

Nous devons créer plus de connexions, être plus proches les unes des autres et montrer davantage comment une femme déterminée peut réussir. Comme femmes dirigeantes, nous devons faire notre travail et surtout le faire bien, c’est ainsi que nous ouvrirons la voie aux autres.